Les années 1945-1975 représentent un sommet dans les échanges culturels franco-grecs, en dépit – ou peut-être justement à cause – des crises successives que connaît la Grèce durant cette période, depuis la guerre civile (1944-1949) jusqu’à la dictature militaire (1967-1974). Le Paris de l’après-guerre exerce encore un attrait incontesté sur les élites intellectuelles et artistiques grecques, qui y trouvent à la fois un refuge contre l’arbitraire qui règne dans leur pays et une ouverture sur la modernité. La Grèce est à Paris : des architectes grecs y font carrière, souvent en passant par l’atelier de Le Corbusier, une nouvelle génération d’artistes y expose, tandis que la traduction de la littérature grecque en français connaît un essor sans précédent. Mais le voyage se fait dans les deux sens, et la France est aussi en Grèce, à travers l’influence exercée par les idées, aussi bien dans le domaine artistique que dans celui des lettres et de la philosophie. Parmi les nombreux acteurs de ce double voyage, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, le lecteur rencontrera les noms de Candilis, Dubuisson, Xenakis, Restany, Kessanlis, Aragon, Ritsos, Éluard, Kazantzakis, Sartre, Vassilikos, Milliex et bien d’autres.
Lucile Arnoux-Farnoux est comparatiste, spécialiste de littérature néo-hellénique (université de Tours). Elle a notamment dirigé la publication du volume collectif Le double voyage : Paris-Athènes (1919-1939) (EFA, 2018) et traduit plusieurs romanciers grecs des XXe et XXIe siècles.
Cultural exchanges between France and Greece peaked during the three decades that spanned from 1945 to 1975, despite, or perhaps because of, the successive crises Greece had to contend with during this period, from the Civil War (1944–1949) to the military junta (1967–1974). Greek intellectual and artistic elites were still very much drawn to post-war Paris, where they found both refuge from the chaos that reigned in their native land and an opening on modernity. So, Greece came to Paris, a place where a new generation of artists got a chance to show their work, where Greek architects made a name for themselves, often starting off with a job in Le Corbusier’s studio, and where Greek literature was translated into French like never before. However, this was a journey in both directions, and France also went to Greece, where French ideas flourished, in art, literature and philosophy. The names of the people who undertook this journey back and forth, from one shore of the Mediterranean to the other, include Candilis, Dubuisson, Xenakis, Restany, Kessanlis, Aragon, Ritsos, Éluard, Kazantzakis, Sartre, Vassilikos, Milliex and many others.
Lucile Arnoux-Farnoux is a comparatist, who specialises in Neo-Hellenic literature (université de Tours). She edited Le double voyage : Paris-Athènes (1919-1939) (EFA, 2018) and has translated the work of a number of Greek novelists from the 20th and 21st centuries.