La constitution de l'archéologie comme instrument méthodologique, dans les années 1870, s'inscrit dans le cadre du débat houleux qui a opposé l'histoire à la littérature au tournant du siècle : une nouvelle génération d'historiens refusait les vases communicants. Cette polémique concernant la redistribution des disciplines a particulièrement affecté la France de la Troisième République.
Dans ce contexte, qu'advient-il du lien unissant l'archéologie, les lettres et les arts ? On s'intéressera en particulier à l'archéologie grecque, au nom de laquelle fut créée en Grèce la première institution scientifique étrangère, l'Ecole française d'Athènes, dont la mission de recherche, relayant sa vocation artistique initiale, s'affirma de manière ; décisive après la défaite de 1870.
Comment les écrivains et les artistes, à la lumière des nouvelles découvertes, accueillirent-ils le renouvellement de l'Antiquité, source d'inspiration faussement immuable ? Comment acclimatèrent-ils une image désormais accaparée par une érudition revendiquant son autonomie ?
A la nouvelle conception du discours historique s'ajoute une nouvelle conception de la Grèce. La constitution en Etat d'un pays qui représenta pendant des siècles une patrie mentale avait engendré, une vague de mishellénisme. Au seuil politique succède et se superpose un seuil épistémologique : la découverte de la Grèce archaïque, byzantine, médiévale oblige à diversifier un regard jusqu'alors étrangement fixe.
Une autre méthode, d'autres Grècs. Quelle place ; reste-t-il pour le mélange des genres cher à la génération de 1830 et aux post-romantiques ? A l'heure du cloisonnement des matières, quel écho l'archéologie peut-elle encore avoir en dehors de la science ?