Montagneuse et boisée, l'île de Thasos est très différente des Cyclades d'où venaient les Grecs, qui y ont fondé au VIIe siècle av. J.-C. une cité promise à une longue histoire, jusqu'au VIIe siècle de notre ère. L'exploitation des mines d'or et d'argent que recelait son sol, ainsi que celui du continent voisin où elle sut s'entendre avec les tribus thraces, valut à Thasos une richesse exceptionnelle qui ne tarda pas à éveiller les convoitises.
Base navale d'un intérêt stratégique majeur pour toute puissance voulant contrôler le nord de la mer Egée, Thasos sut aussi s'adapter à l'hégémonie d'Athènes, puis à celle de la Macédoine, à celle de Rome enfin. Cette modestie politique douloureusement acquise lui permit de connaître différentes périodes de prospérité, notamment grâce à l'exportation de son vin, l'un des plus appréciés de l'Antiquité, et, plus tard, de ses marbres.
Les travaux menés à Thasos par l'Ecole française d'Athènes depuis maintenant plus d'un siècle ont permis de découvrir les nombreux aspects d'une culture locale vigoureuse : une vie politique et religieuse intense, attestée par de très nombreuses inscriptions ; une économie, rarement décelée sur d'autres sites, perceptible ici dans l'exploitation du territoire ; des monuments singuliers, comme le passage des théores ou le vaste rempart de marbre aux portes ornées de reliefs, sur lequel se greffait un port de guerre fortifié ; une activité artistique et artisanale, de la sculpture à la céramique, dont la diversité s'expose dans le nouveau musée.
Sept spécialistes, qui travaillent à Thasos depuis de longues années, présentent ici pour la première fois à un large public les résultats de recherches qui font de Thasos l'une des cités grecques aujourd'hui les mieux connues.