La question des relations de Wilhem von Humboldt à la Grèce est complexe. Humboldt n’est lui-même jamais allé en Grèce et, pourtant, il est le principal inventeur d’une Grèce reconstruite à l’usage de l’Allemagne du XIXe siècle, le principal fondateur du mythe grec des Allemands. Sa pensée néo-humaniste est aussi une pensée politique, esquissée dans le projet d’ouvrage sur le déclin de la cité-État grecque qui l’occupa durant son ambassade à Rome et qui affirme la supériorité culturelle du modèle grec. Dans ses réflexions sur l’Antiquité, Humboldt découvre une vaste perspective de recherches : le rayonnement de la Grèce ne peut-être compris qu’à travers l’analyse de la langue grecque, dont la supériorité ne peut à son tour être démontrée qu’à travers une description critique de l’ensemble des langues humaines. La Grèce est pour l’Allemagne une porte vers l’universel. Mode de formation des élites, la philologie en fournit les clés et inspire le combat éclairé pour la renaissance de la Grèce. Les contributions réunies dans ce volume mettent en lumière des dimensions fondamentales de l’hellénisme prôné par Humboldt et font percevoir les traces profondes qu’il a laissées dans la pensée du XIXe siècle. Elles sont complétées par la traduction de ses principaux textes sur la Grèce, qui offrent une base fondamentale à toute réflexion historique ou philosophique sur le néo-humanisme allemand et contribuent à éclairer le rôle de l’histoire culturelle allemande dans le devenir de la Grèce.