Ce livre portera sur l'histoire de la Messénie depuis la création d'un État indépendant de Sparte en 370/369 jusqu'à l'époque impériale. Cette période a jadis été étudiée en partie par Carl Roebuck, mais l'apport des prospections américaines et des fouilles très fécondes de la Société archéologique d'Athènes à Messène-Mavromati invitait à reprendre ce dossier. Le livre comprend un corpus des monnaies messéniennes, qui n'avait pas encore été dressé. Leur témoignage est confronté à celui des autres sources (surtout épigraphiques) : la monnaie, produite depuis les années 360 jusqu'aux Sévères, est une source essentielle de l'histoire régionale, tant pour ses débuts (la constitution de l'identité messénienne, avec l'élaboration du « mirage messénien ») que pour l'époque hellénistique (les rapports avec le koinon achaien et l'histoire de la région après 146). La Messénie, avec sa découverte concomitante de la vie civique et de la monnaie à une époque tardive, est un cas d'école pour étudier le rôle de la monnaie dans un État grec et son évolution, marquée ici par une monétarisation croissante des échanges liée aux transformations du Péloponnèse unifié par le koinon achaien. L'accent est mis sur la question de la nature de l'État messénien, sur son peuplement et sur le vif débat sur sa légitimité auquel participèrent notamment Isocrate et Platon : un État créé par Thèbes dont les citoyens étaient en majorité d'anciens Hilotes ne pouvaient s'imposer d'emblée en Grèce ancienne. Il le fit pourtant, malgré l'opposition inlassable des Spartiates.